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The New Pinto Bass

-vendue-

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Small is beautiful

(Dans la mesure ou je créé des instruments d’inspiration anglo-saxonne, je n’ai aucun scrupule à utiliser des titres en anglais) Bon, mais j’avais dit que je ne ferai plus jamais de basses, plus jamais, ou éventuellement en kit, ou éventuellement pour répondre à une demande pas trop spéciale, et puis voilà : Il ne faut jamais dire jamais.

La génèse

C’est lors d’une séance de surf sur le web que je suis tombé sur des capots de micros de basse type Mustang à bobines splitées. Devant leur rareté, je m’en suis procuré deux ou trois paires et on a fabriqué à l’atelier les bobines qui iraient dedans; Puis j’ai posé ces micros dans ma petite vitrine en me disant qu’un jour, si j’ai le temps, je fabriquerai une basse type Tele Bass avec juste ce petit micro en plein milieu de la table, sur une belle plaque, avec le petit esprit de sobriété provocatrice qui caractérise de plus en plus mes modèles.

Nouvelle génération

Est arrivé un jour à l’atelier un jeune gars sympa (depuis plusieurs années, je n’ai plus que des clients sympas) qui m’a demandé de lui poser des micros de type Mustang sur un sorte de Fender Mustang nouvelle génération, mais équipée de micros Précision et Jazz-Bass. Je lui ai montré ceux en vitrine, en lui expliquant que je ne les avais jamais testés mais que s’il voulait, il pouvait les essayer quitte à ce que je les lui reprenne s’ils ne lui plaisaient pas (Ce que je propose toujours à mes clients car je ne suis pas fabriquant de micros, mais je n’ai jamais eu à reprendre le moindre exemplaire). C’est donc ce jeune gars qui m’a appris que cette combinaison de basse short scale, filets plats et micro type Mustang splitté était la recette pour obtenir les sons à la Dave Richmond que l’on peut entendre dans l’album Melody Nelson de Serge Gainsbourg. Dave Richmond s’était fait connaître dans les années 60 au sein de son groupe « Manfred Mann » . (Et d’ailleurs si ce gars se reconnaît , qu’il n’hésite pas à laisser un message afin que je puisse au moins citer son groupe et -il l’aura bien compris- le remercier de m’avoir appris ça!) Par association, j’en ai déduit que c’est également cette combinaison sonore que je retrouvais dans l’album « Rome » de Danger Mouse & Daniele Luppi dans lequel figurent Norah Jones, Jack White et Alessandro Alessandroni, collaborateur d’Enio Morricone et que l’on entend sur de nombreux disques du maître. Jetez une oreille sur le titre « The Rose with the Broken Neck » chanté par Jack White, écoutez la basse, puis écoutez la basse dans « my name is nobody » ou « the ecstasy of gold » d’Enio Morricone , c’est ce son là que je voulais obtenir Bingo, j’étais harponné, déjà l’esprit sur des futurs projets qui ne ressemblaient en rien à mes précédentes réalisations mais qui m’enthousiasmaient au plus haut point. Je crois d’ailleurs que c’est parce qu’elles ne ressemblent en rien à mes précédentes réalisations que j’y vais aussi avec autant de plaisir, non pas que je renie ce passé, mais surtout parce que j’ai l’impression d’en avoir largement fait le tour et d’en avoir puisé et épuisé la substantifique moelle.

Assez parlé, parlons technique

Le corps de cette basse est réalisée en aulne, rien d’extraordinaire, mais surtout pas ordinaire non plus! Je déteste le tilleul et le peuplier, certains fabricants en sont très content, tant mieux pour eux, même si je les soupçonne de leur trouver des qualités qui dépassent les pures qualités musicales, moi je reste sur les classiques utilisés dans les années 60 et surtout choisis par Léo Fender. Donc corps en deux parties, trois auraient fait l’affaire également sans que le son n’en pâtisse. Le manche quant à lui est en érable américain, je dis bien américain car là encore, il est hors de question que j’utilise un érable sycomore ou un érable plane pour faire les manches de mes guitares et basses électriques. L’érable américain est beau, aux veinage bien marqué, même lorsqu’il n’est pas ondé il reste agréable à regarder. Sa couleur est chaleureuse, sa densité est parfaite et il se tient tellement bien qu’il peut être utilisé sur dosse sans autre renfort que le truss-rod. Son utilisation sur dosse lui confère des caractéristiques sonores alliant rondeur et rebond, attaque et moelleux, définition et consistance. Le manche à une grande influence sur le rendu final. Certes acheter de l’érable américain en France implique des surcoûts, et pourtant, mes instruments ne coûtent plus chers que la moyenne des instruments de luthiers. Autre détail, le truss-rod: J’ai appris à mes dépens que vouloir modifier le diapason d’une basse allait m’amener à devoir puiser dans mes ressources, car lorsque j’ai voulu trouver un truss-rod de la bonne longueur, j’ai vite déchanté. Heureusement, grâce à l’expérience acquise dans la fabrication des basses ET de leurs accessoires, j’ai ressorti le matériel et j’ai pu fabriquer moi-même les truss-rods de la bonne longueur, avec en prime le boulon extérieur réglable sans clef (juste une tige de 3 mm) qui équipait les Serie B et que j’ai gardé en stock.

La touche!

La touche en palissandre, à priori commune, demande à elle seul un paragraphe, vous allez comprendre pourquoi: En y regardant de près, au niveau de la tête et du corps, on voit que celle-ci est une touche plaquée, “curved” ou “veneer” comme disent les anglais. Et si cette particularité typiquement fenderienne a été largement utilisée entre les années 60 et 78 (79?), quasiment exclusivement par Fender, elle est complètement tombée dans l’oubli, à mon avis pour la simple raison que cette méthode n’est pas si simple que ça à réaliser et qu’elle oblige à revoir en profondeur les habitudes de construction. Si Fender avait utilisé cette méthode, c’était semble-t-il dans un souci d’économies, le palissandre importé coûtant obligatoirement plus cher que l’érable quasi local des manches. (rappelons au passage que les pistes de bowling aux USA étaient faites dans ce même érable américain). Mais Fender -et je le dis avec certitude- ne sacrifiait jamais la qualité sonore de ses instruments au motifs de réduction des coûts, je veux dire que si cela n’avait pas fonctionné, il n’aurait pas insisté. Ce qui me fait dire cela? Lorsque CBS à voulu imposer le frêne noir en lieu et place de l’aulne ou du frêne des marais, lorsque CBS à voulu imposer les vernis polyester en lieu et place des vernis cellulosiques, Léo Fender à rendu son tablier de directeur technique qu’il était resté en vendant sa société à CBS. Donc je considère que s’il a choisi les touche “veneer” c’est qu’il y trouvait son compte en terme de rentabilité ET de sonorité. Pour en avoir discuté avec un interlocuteur en qui j’ai toute confiance, le guitariste nantais Tony Martin, nous en avons conclu que les touches “veneer” avaient et l’avantage du manche maple une pièce, et l’avantage de la touche rosewood, c’est à dire l’attaque claquante et la précision incisive du maple sans aller autant des les hauts médiums, tout en gardant la définition, la chaleur, la douceur et la présence des bas-médium, qu’offre la palissandre. Je me devais donc pour ces raisons conserver la méthode de cette touche plaquée, quitte à ce qu’elle m’apporte un surcroît de travail et de technicité, pour retrouver et accentuer encore les caractéristiques sonores, esthétiques et ergonomiques qui me rapprochent encore un peu plus de l’original. Je parle ici d’ergonomie car il est évident pour moi que ce toucher et cette prise en main tellement particulière des instruments d’époque sont aussi dûs à cette fine touche plaquée. ( Et au passage , j’en profite pour signaler que restaurer une touche d’époque trop souvent refrettée n’impose pas de passer cette guitare en slab board, il suffit juste de faire les choses bien pour recréer une touche curved identique à l’originale , donc avant de confier ce travail à un luthier digne de ce nom, assurez vous qu’il saura garder les caractéristiques d’époque et vous refaire une touche plaquée)/ En complément, j’ai choisi pour le frettage les plus petites frettes de ma gamme, un poil plus haute que les frettes Fender originales, mais fine et étroites, ce qui là encore contribue à offrir un toucher et un jeu tout en délicatesse.

Les cordes

J’ai choisi pour ce prototype de l’équiper en cordes nylon filet plat avec une âme en acier. Elles sont vraiment particulières car je voulais forcer le trait et accentuer l’aspect hors catégorie du concept. Evidemment, en fonction des sons recherchés, toutes autres cordes peuvent être montées dès lors qu’elles existent en short scale.

Micro

A l’inverse du micro Précision traditionnel, il n’y a qu’un seul aimant par corde au lieu de deux. Pour les aimants, j’ai choisi des alnico 2 que j’aime particulièrement, ils proviennent des USA et sont issus de minerais américains, là encore, un choix peu rentable mais inégalable. Je ne vais pas m’attarder à décrire le son, je vais tâcher à l’avenir de proposer des videos, merci de votre patience.

Mécaniques et chevalet

Là encore, ça aura été une grande rencontre avec deux éléments qui m’ont complètement convaincus: Le chevalet est un Hipshot, en aluminium, donc sonore et favorisant clarté et sustain, et sous son look un peu vintage il recèle une petite trouvaille qui simplifie grandement le changement des cordes, puisqu’il n’est plus nécessaire de la passer par un trou à l’arrière grâce aux deux fentes qu’il possède et qui permettent de glisser directement la boule pour la coincer. Dit comme ça, c’est soit trop parlant , soit pas assez, je vous laisse donc vous référer aux images pour comprendre ce que j’ai bien voulu tenter d’expliquer. Chevalet au look vintage donc, mais redoutable de simplicité, de légèreté, de sonorité, de praticité. Pour les mécaniques, là encore, petite rencontre merveille avec ces lollipop , douces et précises, légères, possédant un axe de gros diamètre, comme les vraies, un engrenage semi apparent, un réglage de dureté (parfaitement ajusté en usine) et des papillons au look des veilles mécaniques très rares rencontrées sur une série de Fender des années 60.

Finitions

La teinte métallisée “Ocean Turquoise” associée au vernis mat donne une finition douce, tant à l’oeil qu’au toucher, peu commune, voire inédite, cette finition confère à cette petite basse un aspect à la fois nostalgique (océan turquoise était une couleur de série que l’on retrouvait sur certaines marques automobile des années 50/60) mais frais et moderne si on la compare aux traditionnels sunburst récurrents à la marque. Bien sûr, le modèle sera décliné en autant de versions qu’il existe de goûts et de penchants. Déjà de nouvelles pièces sont en cours de fabrication donc certaines dans des bois plus que beaux! A suivre sur le site et / ou sur le blog, je ne manquerai pas de les présenter.

Small is confortable

On voit clairement apparaître au fil de nouveautés musicales une tendance qu’ont les bassistes à se diriger vers ce genre d’instruments, parfois équipés d’un énorme pavé à la Gibson, parfois d’un simple bobinage de type Music Master, et jouer une telle basse implique également une attitude “anti hero” qui rend ces nouveaux bassistes franchement interessant dans le jeu et dans l’écoute. Cette petite Pinto basse se laisse saisir à la moindre occasion , pour bosser des lignes, bousculer ses conviction et sortir de sa zone de confort habituelle, pour explorer de nouveaux horizons, quelque part, cette basse à le pouvoir de ne pas se laisser faire et d’imposer au musicien un jeu inhabituel, d’aller chercher le groove bien au fond du temps, de sortir le médiator, de faire claquer l’attaque ou de muter le sustain avec la paume de la main. Une fois domptée, ce petit gabarit sait vite donner de la voix.

A suivre…

Prochainement (dans les mois qui viennent) je pense que je serai en capacité de proposer sur stock un ou deux modèles permanents, ils seront présentés sur le blog et visibles sur le site à la rubrique “modèles > disponibles”. Evidemment je ne vais pas (re)devenir un fabricant de basses, je suis luthier, je travaille avant tout pour le plaisir de faire exister de nouvelles pièces rares qui immanquablement si elles sont faites en série finissent par ne plus êtres ni nouvelles, ni rares, et c’est très bien ainsi.

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