Et on continue dans le voyage au coeur des guitares avec cette nouvelle réalisation issue de la plus pure culture American trad.
Par ces guitares, je reviens à mes premières amours, lorsque guitariste ado et fan de Picking, je ne rêvais que de cordes acier, guitares folk, et lutherie.
Mes premiers essais en lutherie furent donc ces guitares folk à cordes acier, mais j’avais le sentiment que tout cela était bien trop difficile pour moi, et je profitais d’un virage en tant que bassiste pour m’orienter vers la lutherie électrique dans laquelle j’ai sévi ensuite pendant de nombreuses années. Ce n’est que des décennies plus tard que je revenais à ces guitares acoustiques, armé d’une technique précise que m’a imposé la guitare électrique -La précision requise pour le métal mais appliquée au bois- et enrichi d’une culture country / Folk / Rock nettement élargie par rapport à mes connaissances issues à l’époque de l’école Marcel Dadi.
Je n’ai jamais vraiment aimé les formes peu souples des modèles Dreadnought: épaules carrées, taille peu marquée, tête minimaliste, mais il faut bien avouer qu’en termes de projection sonore, de largeur de spectre, de dynamique, de grain, elle est imbattable, et les guitares qui m’ont le plus impressionné, même si elles ne sont pas nombreuses sont les formes dreadnought. Et au final, j’aime tellement ce son que j’en aime ce physique austère…
Pour ma part, faire ces incursions dans le domaine du connu est une distraction, une détente, un plaisir qui me permet de travailler le bois, le son, utiliser mes outils et laisser un peu de côté les crayons et les dessins, mettre le cerveau momentanément en stand-by pour lui laisser l’espace nécessaire à sa régénération créatrice.
Je rejoins ainsi les luthiers classiques, guitare ou quatuor, pour qui toute décoration -si elle n’est pas dictée par des impératifs fonctionnels, tels que les filets- alourdit inutilement l’instrument et visuellement et physiquement. Après chacun est libre de fabriquer et d’acheter ce qu’il veut et qu’il juge esthétiquement compatible avec ses propres goûts.
La table en épicéa de Sitka (Variété d’épicéa d’Amérique du Nord) marquée par des “griffe d’ours”, (bear claw ou chenillage) possède une très belle maille longue attestant d’une coupe parfaitement sur quartier; sa sonorité équilibrée est granuleuse à souhait, sa matière sonore très riche, fournie, chargée en basses précises, puissantes et grainées, en aigues fines et très légèrement scintillantes, sans acidité, plus finement grainées que les basses se marient parfaitement dans un ensemble à la fois massif et aux notes détachées.
Les traces dites “griffe d’ours” seraient -semble-t-il- un accident génétique qui ne concerne que les épicéas mâles, d’où d’une part leur rareté, et d’autre part les qualités sonores qu’on leur trouve. Ces épicéas sont plus nerveux que les classiques et lorsqu’on leur choisit des accroissements un peu larges, ils offrent de belles basses, des réponses vives et un sustain considérable. Pour lui garder de la nervosité, j’ai opté pour un barrage scaloppé mais légèrement plus reculé que le “forward bracing” utilisé avant guerre.
Le fond et les éclisses sont issus d’un vieux palissandre indien, très sobre et élégant, parfaitement sur quartier lui aussi.
Les autres éléments, sillets en os, filets en érable, ébène et ivoroïde, manche en acajou du Brésil, touche et chevalet en ébène, placage de tête parfaitement séchés sont dans l’esprit on ne peut plus trad et sobre complètement raccords avec ce genre de modèles. Afin de coller au mieux aux techniques de fabrications américaines, je procède à l’assemblage du manche et de la caisse de résonance une fois ceux-ci vernis et finis. Cela à pour avantage de rendre plus évident les ponçages des différentes pièces, de limiter les accumulations de vernis aux jointures du talon, de rendre les polissages plus simples, de faciliter le démontage du manche si un jour la guitare à besoin d’un neck reset. L’assemblage se fait par tenon et mortaise en queue d’arronde et celui ci est collé (et non pas boulonné comme le font certains fabricants). Cette technique permet également l’utilisation de deux types de vernis différents pour la caisse (nitro-cellulosique brillant) et pour la manche (fin et satiné pour un toucher plus doux).
Le chevalet est un modèle désigné par mes soins et se marie totalement avec le reste de la guitare en la signant d’une petite touche personnelle et discrète. Et tant qu’à parler de signature, celle insérée dans la tête est en métal massif, chantourné et incrusté à la main. Le filet turquoise qui cerne la rosace est quant à lui un repère bien connu de l’atelier et des guitares qui en sortent. Et pour finir cette description, le “heel cap” (talonette qui recouvre le bas du talon) est en ivoire de mamouth d’environ 10000 ans!
Guitare visible à l’atelier, en stock et disponible sans délai
-Edit du 17 novembre: Cette Deep West à trouvé preneur et n’est plus disponible-
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