Suite du premier article sur la fabrication de nos micros, ce nouvel article concerne surtout les micros pour Stratocaster, les différences selon les époques, mes choix, mes préférences. Cet article reprend un paragaphe que j'ai déjà publié en présentant une de mes dernière créations : Pinto revamped in warm Gold et j'écrivais ceci:

"Dès les premières Stratocaster, Fender à décidé qu'il fallait -pour ce modèle- différencier la hauteur des aimants qui composaient chaque micro. Ainsi, les aimants vont en s'allongeant depuis le Mi grave jusqu'au Sol, puis celui du Si se raccourcit et celui du Mi aigü s'alonge .ensuite. Et je n'ai aucune idée de pourquoi. A la limite, on pourrait avancer l'hypothèse que le manche étant radiussé, c'est pour suivre la hauteur des cordes, alors pourquoi baisser soudainement au niveau du Si et remonter au niveau du Mi aigu? (alors que la corde de Mi aigu est plus proche du micro de par le radius appliqué au chevalet)
Une des explication que j'aurais est qu'à l'époque, la plupart des guitaristes utilisaient des cordes filets plats, que le sol était lui aussi filé, et que le fait de filer les cordes en "plat" diminuait la dynamique (son plus feutré, mat, compressé) puis lorsqu'on arrivait aux deux aigües pleines, le regain de dynamique était perceptible. Ça se tient d'autant que les cordes filet rond sont arrivées (d'après le web, donc à prendre avec un peu de circonspection) en 1962.
Mais depuis des décennies, les guitaristes ont abandonné le filet plat et le Sol est dans la plupart des cas une corde pleine, et à priori ça ne gène personne de jouer sur les micros aux plots étagés alors que ça devrait être un problème...
Et si ça avait été une solution à l'époque, pourquoi toutes les autres Fender de la gamme n'avaient-elles pas les plots étagés? (Mis à part le chevalet Bridge de la Telecaster qui avait les deux plots du centre un peu plus hauts pour accompagner le radius) . On reste donc sur des suppositions et des questions. C'est pas mal aussi de rien dire quand on est pas sûr, ça ferait du bien à certains dans notre bien nommé "milieu", et tant que ça n'empêche pas de faire de la musique... En conclusion j'ai pour ma part fait des choix, et lorsque je fabrique une St-Caster en version "Historic", je reproduis les micros tel que Leo Fender les avait conçus, c'est à dire "étagés" mais je ne descend pas le Si aussi profondément que sur l'original, tant pis pour la petite entorse à l'authenticité.
Mais lorsque je veux fabriquer une St-Caster en respectant ce que j'ai envie d'entendre et en allant à fond dans la démarche perfectionniste, je prends alors la liberté de créer mes micros en version "radiused" , c'est à dire que les aimants suivent peu ou prou le rayon que forme le passage des cordes au dessus du micro.
Une version Strat que j'aime bien d'un point de vue sonore même si elle n'est pas des plus pebiscitée par les collectionneurs et les amateurs, c'est la version 73 quand Fender, passé sous la coupe de CBS et juste avant qu'ils ne commencent à pousser le taylorisme au delà de l'acceptable à commencé à modifier les cahiers des charges de son fondateur Léo himself. Cette version 73 se voyait dotée d'un corps en aulne (le black ash n'ayant pas encore été adopté) , et les plots des micros ne sont plus étagés mais "flush fit". J'en ai eu plusieurs entre les mains et elles ont un sacré caractère sonore. J'avais déjà créé un micro "Flush fit" il y a quelques années et je ne voyais pas plus que ça l'interêt de le developper. Mais cette années, grâce à cette option, j'ai pu créer un nouveau micro que j'ai appelé "Single foil", qui a une sacré gueule et qui ne pourrait pas exister en version "staggered" ou "radiussed". Mais comme tout ce qui concerne le design, on ne joue pas sur un aspect visuel sans que l'aspect sonore ne s'en ressente. Dans le cas du Flat six (Le nom que je donne au Flush-fit), on retrouve donc aimant alignés mais surtout d'un point de vue sonore, ils sont tous strictement de la même longueur, alors qu'ils auraient pu être issus d'un micros étagé mais monté à l'envers. ' See?
Le fil
Je profite d'avoir ouvert cette page pour faire un bref premier debrief sur le fil de bobinage.
Vous le savez peut-être, mais le fil de bobinage est un fil de cuivre fin comme un cheveu, et il est recouvert d'une gaine au même titre que le fil electrique que vous avez chez vous. Ceci afin que les spires de la bobine soient isolées les unes des autres sans quoi le courant ne pourrait pas ciculer du départ vers l'arrivée et on n'aurait qu'un bloc de cuivre en court circuit et non plus un effet d'induction dû au fait que l'on bobine ce fil autour d'aimants. Vu la taille du fil, le faire entrer dans une gaine serait assez compliqué ou la gaine serait trop importante, la solution donc consiste à enduire le fil d'un vernis isolant. Selon les époques et les technologies à disposition, ce vernis a été composé de différentes matières: ainsi le fil des premiers micros était enduit d'une composition de résine phénolique modifiée à base d'acétate de polyvinyle et recevait le nom de Heavy Formar. D'une belle couleur orangée chaude, on le trouve typiquement sur les Serie L. Sa particularité et qu'il a un pouvoir d'adhérence très élevé ce qui est une condition pour que le fil de bobinage soit parfaitement et durablement isolé. On utilise ce même acétate de polyvinyle dans l'industrie pour la fabrication des contre-plaqués répondants aux normes les plus drastiques, c'est dire si ce pouvoir d'adhérence est élévé et durable.
Également utilisé à cette époque, un autre type de résine appelée plain enamel (enamel se traduit par émail) avait la particularité d'être appliquée puis durcie à chaud sur le fil de cuivre qui pouvait alors recevoir l'appelation de "fil magnetique". Dans l'industrie, sur le plan chimique, la gamme d'émail de fils comprend du polyuréthane, du polyester, du polyesterimide et du polyamide-imide, mais celui qui nous concerne est exclusivement le polyuréthane que l'on reconnait à sa couleur noire violacée. C'est ce fil que l'on retrouve durant de longues périodes chez Fender (et bien sûr chez plein d'autres fabriquants dont Gibson, Rowe De Armond ) parfois avant 1960 (j'ai rebobiné un Gibson P13 de 1942 qui était en plain enamel) t souvent jusqu'à la fin des années 70 en standard. Il disparaît avec l'avènement des nouvelles Strat de la série Ultra qui reçoivent les micros de Don Lace , les Lace Sensor, la firme tournant le dos pour quelques années aux modèles traditionnels pour se refaire une santé en misant sur la modernité. (nouveaux vibratos 2 points, Tremsetter, mécaniques à blocage, sillets de têtes à rouleaux etc etc..) Mais les musiciens ont la mémoire longue et dans les années 90, gros come-back des specs vintage avec l'émergence du custom shop et des modèles relic qui entrent en scène -accompagné le plus souvent de sarcasmes il faut le dire- mais avec un bagage historique qui donne du crédit à ces ovnis.
Les plus récents et les plus standards sont les enamel à base de polyester, d'une couleur allant du franchement orangée à rose, ce sont ceux que l'on retrouve dans la plupart des productions industrielles. Il semblerait qu'il soit le moins sensible à l'humidité et à la corrosion, particularité assez interessante si l'on considère qu'un micro peut-être à l'usage exposé à la sueur. J'ai déjà d'û rebobiner des micros dont le fil avait été corrodé justement par une sueur un peu trop salée. (et non pas acide comme on le lit trop fréquemment, car nous sommes fait en partie de sel que l'on retrouve dans les larmes et la sueur, quant aux acides, ils sont plutôt localisés dans la salive et le système digestif). Et étonnamment, le plus souvent le fil se corrode par l'interieur du bobinage, c'est à dire que les plots "arrosés" de sueur commencent à rouiller, et la rouille formée au dessus et à l'exterieur du micro descend le long du plot jusqu'à sa partie invisible en contact avec les premières spires du bobinage. Elle fait ensuite son travail et attaque le revetement du fil, jusqu'au moment ou elle l'atteint et provoque une coupure. Le micro est alors à rebobiner. C'est pour cette raison que lorsque je fabrique un micro, j'entoure les aimants d'un adhésif protecteur afin que les spires ne soient pas en contact direct avec le métal, chose que ne faisait pas Fender pendant toutes ces années. Donc particularité de résistance à la corrosion intéressante mais que je délaisse du fait de son manque de "noblesse" et d'antécédents historiques. Niveau son, je serai bien infoutu de dire s'il y a une différence, d'autant que la façon de bobiner "à la main" et à la volée, en spires irrégulières, contribue également à rendre chaque micro unique. L'industrie tendant à détester les particularismes, elle nivelle malheureusement souvent vers le bas et pour s'éviter les mauvaises surprises, ce faisant, elle prend le risque de ne jamais voir apparaître les bonnes. En artisanat, notre micro-production nous permet d'avoir le temps d'écouter chaque pièce et il arrive que nous reprenions un micro dont le son ne correspond pas aux critères et objectifs premiums que nos nous sommes fixés.
Je finirai cet article avec la présentation des nouveaux modèles que nous avons créé ces derniers mois, voire ces dernières années, les actualités de l'atelier étant tellement fournies que j'ai du mal parfois à entretenir le fil médiatique.
Je réalise que dans cette liste j'ai omis d'intégrer mes nouveaux micros pour type JB et PB complètements innovants et exclusifs et qui rencontrent un beau succès d'estime dès les premières pièces. Je ferai donc un article spécial pour eux.
Nous tenons un stock permanent dans lequel nous essayons d'avoir un exemplaire de chaque micro . Ceci dit, en cas de commande spéciale, nous arrivons généralement à fournir sous 7 jours, sauf commande très spéciale ou rupture de stock de matières premières. Article précédent se rapportant à nos micros:
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